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Bernadette la paroissienne 

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  • Sur les pas de Bernadette

    Chronique hebdomadaire n° 15 - Dimanche 16 février 2025 Pour descendre à Massabielle, il n’y a pas cinquante solutions en 1858. Sauf le 11, le 14 et le 22 février, Bernadette, venant du cachot, a toujours suivi le même chemin.  Variantes -  Le 11, Bernadette passe par le moulin de Savy, le canal étant presque à sec ; - Le 14, elle part de l’église où elle a fait sa provision d’eau bénite pour asperger l’Apparition. De la place du Marcadal à la rue des Petits Fossés, elle emprunte la rue Carrerette ; - Le 22, partant de l’école des Soeurs, elle descend le Pé de Pesqué, entre le château et le Gave, et aboutit au Pont vieux ; Les autres jours, quittant le cachot, elle trouve au coin de la rue le cabaret de tante Bernarde où elle a souvent servi. Descendant la rue du Baous, elle arrive à la porte du Baous qui enjambe la rue. C’est là qu’habite le garde-champêtre Callet qui, le dimanche 21 février, la conduira chez le commissaire Jacomet. Plus tard, il sera gardien de la grotte quelque temps.  La voirie s’arrête au carrefour avec la rue de l’Egalité. Malgré tout, il faut bien continuer pour se rendre à la forêt. Le Bie Debat aboutit au Pont vieux. L’actuel eut certainement des ancêtres. Au temps de Bernadette, comme aujourd’hui, il possédait deux arches et un éperon sur la pile centrale pour calmer les flots en furie. Mais, en 1858, il présentait un dos d’âne très accentué. Les Sanctuaires financeront les travaux nécessaires pour l’aplanir et l’élargir (1870). Il sera encore élargi en 1932 pour permettre la circulation des tramways.   Avant d’arriver à Massabielle, Bernadette traversait la Merlasse, marécageuse, puis montait la côte du Chioulet qui se prolonge par le chemin de la Forêt. Pour atteindre la grotte, il n’était pas possible en temps normal de passer par le moulin de Savy, le canal étant en eau. Il fallait se risquer dans le « casse-cou ». Le fermier des Espélugues exploitait la partie haute de la pente. En bas, un employé municipal, Layrisse, gardait les cochons. C’est donc à juste titre que le lieu s’appelait la « tutte aux cochons ». Très vite, les Lourdais s’ingénièrent pour rendre la pente moins dangereuse : les « lacets » datent de 1861, avant même la reconnaissance des apparitions.

  • Le cachot

    Chronique hebdomadaire n° 14 - Dimanche 9 février 2025 Dimanche dernier, nous avions laissé les Soubirous rue du Bourg. Ne payant pas le loyer, ils doivent partir et laisser en gage la belle armoire qui était leur seule richesse. Dans les premiers mois de 1857, ils sont recueillis par un cousin de Louise Soubirous, André Sajous. Depuis une dizaine d’années, il occupait l’ancienne prison qui avait été abandonnée à cause de son insalubrité.  La porte qui donne sur la rue des Petits-Fossés a été conservée. Le couloir où se trouvent quelques souvenirs émouvants, dont la clé de la maison, conduisait à une cour avec des communs qui débordaient et un tas de fumier. Sur le couloir s’ouvraient deux pièces qui ne communiquaient pas entre elles : le passage a été aménagé en 2008. Le cachot était la deuxième étape sur le Chemin du Jubilé : le pape Benoît XVI s’y est rendu après être allé au baptistère.  Des locataires habitaient sur la rue, les Soubirous sur la cour. Le « cachot » proprement dit consistait en une pièce de 16 m². André Sajous dit lui-même : « La chambre était noire, pas saine. » En mars 1858, deux médecins diront aux parents de Bernadette : « Ne restez pas dans cette maison, si vous voulez conserver vos enfants. »  Vingt ans après les faits, André Sajous a l’honnêteté de reconnaître qu’il « n’était pas content » quand son oncle lui dit : « Puisqu’il sont sur la rue, il faut les loger. » Lui-même habitait à l’étage. Il avait cinq enfants et « j’avais compris que ma femme, très bonne, leur donnerait de mon pain ». Elle leur a même prêté quelques chemises et « leur donnait souvent quelque peu de pain de milloc. Les petits cependant ne demandaient pas. Ils auraient crevé plutôt. » Le soir du 11 février, la famille Soubirous dit la prière. A un moment, Bernadette se met à pleurer. Depuis le matin, sa mère est inquiète. Elle va demander conseil à la femme d’André, Romaine. Toutes deux consolent Bernadette.  Par la suite, André Sajous fut un soutien pour Bernadette. Il était présent à Massabielle lors de plusieurs apparitions. Entre autres, le 7 avril, avec le docteur Dozous.  Dans leur  misère, leur déchéance, les Soubirous n’ont pas été abandonnés par leur famille. Ils quitteront le cachot, sans doute, en septembre 1858.

  • Le Moulin de Boly

    Chronique hebdomadaire n° 13 - Dimanche 2 février 2025 Elle n’a pas toujours vécu au cachot… Nous fêterons bientôt Notre-Dame de Lourdes, au jour anniversaire de la première apparition. Huit jours tard, ce sera la Sainte Bernadette. Il est temps de nous intéresser à la petite Bernadette. Or, pour connaître quelqu’un, il est toujours intéressant de savoir où il a vécu son enfance.  Pendant ses dix premières années, Bernadette Soubirous, l’enfant aînée de François et Louise, habita au moulin de Boly où elle était née. Le moulin était occupé par la famille de sa mère depuis le 18ème siècle. François Soubirous devint locataire en 1852. Hélas, ne pouvant plus payer le loyer, il dut quitter le « Moulin du bonheur » en 1854.  Même si le bâtiment a subi quelques transformations, l’état actuel est tout de même très évocateur, avec la meule et la pièce que l’on appellerait aujourd’hui « de séjour » au  rez-de-chaussée. A l’étage, une chambre et le berceau, dit « de Bernadette ». L’ensemble, pour l’époque, était relativement confortable. Un de ses anciens propriétaires, Boly, avait été consul de Lourdes. Les Sanctuaires ont racheté le Moulin en 1985 et mené des travaux à plusieurs reprises (1988, 1994, 2008). En 1988, dans le cadre de l’année de la famille, le cardinal Gagnon inaugura le Moulin restauré. Sans trop de peine, la meule s’est remise à tourner en 2011, pour s’arrêter l’année suivante. La notice présentant les lieux est disponible en turc et en japonais. En français, elle est épuisée depuis trois ans. La congrégation des Filles de l’Église, qui assure l’adoration perpétuelle au Sanctuaire, veille sur le Moulin, en face de chez elles, rue Bernadette Soubirous.  Entre 1854 et le printemps 1856, les Soubirous logèrent quelque temps à la maison Laborde, plus bas sur le cours du Lapacca ; puis à Arcizac où François aurait exploité un moulin, tandis que la famille habitait une « cabane » à proximité. Leur dernier domicile avant le cachot était la maison Rives, 14 rue du Bourg.  Des déménagements si rapprochés montrent que la situation des Soubirous s’était dégradée à toute vitesse. Hélas, bien des situations sociales d’aujourd’hui permettent de s’en faire une idée. Mais il faut aussi se rappeler que Bernadette n’est pas née et n’a pas vécu ses premières années dans la misère.

  • L’école des Frères

    Chronique hebdomadaire n° 12 - Dimanche 26 Janvier 2025 En plus des instituteurs laïcs et des Soeurs, la Municipalité avait fait venir les Frères de l’Instruction chrétienne, « Frères de Ploërmel » à cause de leur origine bretonne ou encore « Frères quat’bras » à cause de leur tenue. La congrégation avait été fondée en 1817 par l’abbé Jean-Marie de Lamennais, le frère de Félicité, l’auteur de Paroles d’un croyant. Les Frères étaient arrivés en 1855, mais le vote n’avait été positif qu’à cause de la voix prépondérante du maire, Maître Lacadé,  celui qui eut à gérer l’affaire Bernadette. Dans sa lettre de demande, le maire écrivait : « Je propose de doter notre ville d’une institution chrétienne, d’autant plus qu’elle sera appelée un jour à devenir l’une des principales villes du département, par suite de l’établissement d’une voie ferrée ». Elle n’arriva qu’en 1866.  L’école fut mise sous le patronage de saint Joseph et accueillit 255 élèves. Les Frères n’étaient, au départ, que deux : le Frère Macchabée (drôle de nom pour un éducateur !) et le Frère Léobard. Ce dernier était créole et vécut jusqu’en 1916. Les rapports avec la Municipalité furent toujours beaucoup plus difficiles que ceux des Soeurs. Ils obtinrent un troisième poste à la fin de l’année 1855 mais un quatrième, en 1858, leur fut refusé : « Les Frères, on ne sait pas d’où ils viennent. » L’école ouvrit d’abord dans la Maison Dupont, rue de Langelle. En 1861, la Municipalité acheta pour eux une propriété, rue de Bagnères. Des Frères y sont toujours présents sans en avoir la direction. Au nom de saint Joseph a été adjoint celui du curé Peyramale.

  • La rentrée des classes

    Chronique hebdomadaire n° 11 - Dimanche 19 Janvier 2025 En janvier 1858, on ne sait pas exactement à quelle date Bernadette est allée en classe pour la première fois de sa vie. Mais, à quelques jours près, c’est maintenant : elle ne rentre de Bartrès que début janvier et, le 11 février, elle est déjà élève chez les Soeurs depuis quelques jours. Si elle peut aller chercher du bois c’est parce que le 11 était un jeudi et que, le jeudi, elle était en vacances.  A l’époque de Bernadette, la population locale comptait 44 % d’hommes sachant lire et écrire et environ un tiers de femmes. Le cas de Bernadette analphabète n’avait donc rien d’exceptionnel. Cinq instituteurs enseignaient à l’école communale et un allié des Soubirous, Antoine Clarens, dirigeait une classe de Primaire supérieur. En 1834, la Municipalité avait fait appel aux Soeurs de la charité et de l’instruction chrétienne de Nevers. La congrégation, fondée au 17ème siècle, avait progressivement essaimé dans le Sud-Ouest, sa réputation étant excellente. La demande portait sur « trois sœurs propres à desservir l’Hôpital et à se livrer à l’enseignement public ».  L’hôpital existait déjà mais les bâtiments ont été refaits avant l’arrivée des Soeurs. Ils forment le corps central de l’hôpital actuel, avec sa colonnade bien caractéristique. Sur place, vous vous rendrez compte qu’ils ont été surélevés d’un étage. La grande chapelle, sur la droite, n’existait pas. Sa construction a commencé alors que Bernadette était encore pensionnaire. Les Soeurs auraient bien voulu que Bernadette encourage les dons. Elle se contentait de dire : « Il y a un tronc. » Dans une chronique de juin prochain, nous visiterons la petite chapelle où Bernadette fit sa Première communion. Le mobilier liturgique a changé, mais le lieu est authentique. L’hôpital, qui est plutôt un hospice, comporte vingt-cinq lits. Pour les enfants de 2 à 7 ans, les Soeurs ont ouvert une « classe d’asile » où se trouvaient, en 1856, 301 garçons et 279 filles. Les garçons allaient ensuite chez les Frères de l’Institution chrétienne, « Frères de Ploërmel ». Quant aux filles, elles étaient réparties entre deux classes. L’une était payante et les scolarités contribuaient à financer l’hôpital. Bernadette entra dans l’autre, la classe des « indigentes ».  D’élève, elle deviendra pensionnaire, puis s’intégrera à la communauté des Soeurs : elles étaient huit au moment de son départ pour Nevers, en 1866.

  • Jubilez ! Jubilez !

    Chronique hebdomadaire n° 10 - Dimanche 12 Janvier 2025 A Noël, comme tous les quarts de siècle, l’Église catholique est entrée dans une année jubilaire. En 1858, il était aussi question de jubilé. Le pape Pie IX avait demandé aux évêques de prévoir, à la date qui leur conviendrait, une période de trente jours pendant laquelle les fidèles pourraient bénéficier de l’indulgence plénière. Le jubilé biblique était l’occasion, tous les cinquante ans, de rendre la liberté aux esclaves. L’absolution remet les péchés, mais les péchés laissent des traces : l’indulgence est destinée à les guérir.  Le 20 janvier 1858, par un Mandement (voir l’image), Mgr Laurence, évêque de Tarbes, transmet aux curés la consigne pontificale et associe « l’indulgence plénière en forme de jubilé » au Carême. Comment gagner l’indulgence ? Par les trois voies classiques : la prière, l’aumône et le jeûne. Que le jeûne procure les moyens de faire l’aumône et, si l’on ne peut pas faire l’aumône, qu’on prie davantage !  Deux phrases du Mandement font penser à ce qui va se passer à Massabielle, justement pendant le Carême. Le pape avait recommandé la prière pour vaincre les attaques contre la religion. La plus dangereuse, c’est celle qui consiste à dire que « la religion catholique a fait son temps ». Exactement ce que pensait un Lourdais sceptique devant ce qu’il entendait raconter : « Ce n’est pas au 19ème siècle qu’on va nous faire croire à ces histoires ! Nous ne sommes plus au Moyen-Age ! » Mais le plus frappant, c’est l’insistance de l’évêque sur les prédications pendant « deux semaines au moins ». Pour cela, que « les curés s’entendent entre eux et avec nos missionnaires (les Pères de Garaison) » pour trouver des prédicateurs et des confesseurs extraordinaires.  L’abbé Peyramale s’était « décarcassé », mais n’avait pas trouvé. Il avait écrit à l’évêque en se demandant que faire. Et voici que la Dame de Massabielle demande à Bernadette si elle veut bien lui faire la grâce de venir à la grotte, précisément, « pendant quinze jours ». Quinze n’est pas un nombre symbolique : ce n’est ni une neuvaine, ni une quarantaine. L’abbé Peyramale constate, alors que la Dame ne s’est toujours pas nommée, qu’elle remplace avantageusement le prédicateur introuvable : il n’a jamais vu autant de monde à l’église et au confessionnal !

  • L’église de Momères

    Chronique hebdomadaire n° 9 - Dimanche 5 Janvier 2025 Le séjour de Bernadette à Momères se place beaucoup plus tard dans la vie de Bernadette : elle  a vingt ans. Dans moins de deux ans, elle sera partie pour Nevers. A Momères, elle réside dans la famille Védère. Jeanne était sa cousine, du côté Soubirous. Le frère de Jeanne était militaire : elle ne l’a beaucoup vu, mais elle l’aimait bien.  L’église d’aujourd’hui est celle que Bernadette a connue. C’est pourquoi je lui consacre cette chronique après être allé, dimanche dernier, à Bartrès. La décoration des deux églises se ressemble. Le village était le berceau familial des Peyramale. Le frère du curé y habitait. Sa maison, juste à côté de l’église, est la mairie actuelle. Comme il était médecin, sa présence était une sécurité pour la santé fragile de Bernadette.  Bernadette restera à Momères sept semaines, du 3 octobre au 19 novembre 1864, alors qu’elle était partie pour trois jours. « Elle assistait à la sainte messe tous les jours, communiait trois fois par semaine : le dimanche, le mercredi et le vendredi (ce qui était exceptionnel pour l’époque), faisait tous les jours sa visite au Saint-Sacrement, récitait tous les jours son chapelet… Elle était très aimée de tous. Elle était gaie et enjouée. » Bernadette ne passe pas tout son temps à l’église. Elle rejoint sa cousine Jeanne qui était maîtresse d’école : « Elle aimait beaucoup les enfants et elle en était aimée. » Hélas, des visiteurs s’introduisent dans la classe. Si bien que Jeanne se voit contrainte de lui demander de « rester à la maison ».

  • L’église de Bartrès

    Chronique hebdomadaire n° 8 - Dimanche 29 Décembre 2024 En 1857, à la fin de l’été, Bernadette quitte le cachot où la famille s’entasse depuis le mois de novembre 1856. Elle est retournée chez sa nourrice, Marie Laguës. Elle n’y restera que jusqu’au mois de janvier 1858. Où était-elle à Noël ? Sans doute, était-elle redescendue à Lourdes, près des siens qu’elle aimait tant. De toute façon, c’est quand même l’époque où elle est paroissienne de Bartrès. Il est bon d’évoquer l’église qu’elle a fréquentée  durant son séjour au village.  Grâce à la présence des Soeurs capucines qui ont succédé aux Franciscaines Missionnaires de Marie, l’église est toujours ouverte. A la porte, une plaque vous  indique que le choeur date du 14ème siècle et la nef du 19ème. Quant au retable, il est de la même époque que celui de l’église paroissiale de Lourdes, conservé à la chapelle du château : 18ème siècle. Bernadette n’était donc pas dépaysée.  La paroisse de Bartrès est consacrée à saint Jean-Baptiste. Le retable représente trois scènes de sa vie : la Visitation, le Baptême de Jésus dans le Jourdain, la décollation de Jean. Bernadette a-t-elle gardé en mémoire les tableaux de Bartrès ? Elle pouvait se reconnaître dans la parole du Précurseur : « Il faut qu’il croisse et que je diminue. » Le retable est entouré de saint Pierre et de sainte Catherine d’Alexandrie, comme à Lourdes. D’autres panneaux ont été restaurés mais existaient au temps de Bernadette : l’Assomption, le chemin de croix érigé durant les quelques mois où Bernadette était à Bartrès, une statue de saint Joseph, les fonts baptismaux. La balustrade de la tribune était alors la table de communion.  La nef qu’elle a connue ne comportait pas de bas-côtés mais était presque de la même dimansion que l’actuelle, construite entre 1883 et 1887. L’église de Lourdes était plus large, mais pas plus longue, pour une population de 4 000 habitants : on comprend que l’abbé Peyramale, avant même les Apparitions, ait eu l’idée d’en construire une nouvelle.  Tant que Bernadette était à Bartrès, son père montait la voir le dimanche. Un dimanche de janvier, 1858, elle-même vient visiter sa famille. Les parents acceptent qu’elle revienne habiter au cachot : elle ira à l’école des Soeurs, fera son catéchisme et pourra préparer sa première communion. Bernadette remonte à la ferme ; ses patrons la laissent partir et lui souhaitent bonne chance. Bernadette reviendra plusieurs fois, par la suite, dire bonjour à son ancienne nourrice, dont la tombe est juste au chevet de l’église.

  • La chapelle du château

    Chronique hebdomadaire n° 6 - Dimanche 22 Décembre 2024 Combien de paroissiens, sans parler des pèlerins, ont visité le château-fort ? Sans doute moins que de touristes, à qui le guide qu’ils ont consulté ont vanté l’intérêt de ce haut-lieu. Le guide n’a pas complètement tort, car le château a une très longue histoire. Même la légende de sa reddition à Notre-Dame du Puy doit bien avoir quelque fondement historique. Mais, dans cette chronique, il s’agira seulement de la chapelle du château. Celui-ci est devenu le « Musée pyrénéen » en 1921. Son fondateur et conservateur, Louis Le Bondidier, pyrénéiste chevvronné, s’employa à regrouper ce qui restait de l’ancienne église Saint-Pierre et qui avait été conservé à la Mairie. Pour abriter ces reliques, il construisit, dans l’enceinte du fort, une petite chapelle avec des matériaux de réemploi. Il obtint même de l’évêque que la Messe y soit célébrée quelquefois. Vous y trouverez deux des autels de l’ancienne église, dont l’autel principal avec son tabernacle et sa table de communion. Mais aussi le Père céleste tenant en sa main le globe terrestre ; la Piéta ; des statues d’apôtres, notamment saint Jacques en tenue de pèlerin, en marche vers Compostelle. La Vierge est représentée cinq fois. La « Vierge déhanchée » fait penser à celle de la cathédrale Notre-Dame de Paris. Sur toutes ces statues se sont posés les yeux de Bernadette. Comme sur celles de Bartrès que bous irons visiter plus tard. Deux vitraux contemporains racontent, au temps de Charlemagne, le siège du château, qui en a connu bien d’autres et la reddition de Mirat. Sur le mur de gauche, un panneau nous montre un pape agenouillé et priant la Vierge Marie. Tous les papes ont aimé la Dame de Massabielle. Mais la paroisse de Lourdes se rappelle que le pape Benoît XVI est venu prier dans leur église, l’église de la paroisse où saint Bernadette a été baptisée.

  • Le baptistère

    Chronique hebdomadaire n° 6 - Dimanche 15 Décembre 2024 Bernadette naît au moulin de Boly le 7 janvier 1844. Elle est inscrite, le lendemain, à l’état civil. Le 9, c’est le baptême à l’église Saint-Pierre. La cuve baptismale a été transférée de l’ancienne à la  nouvelle église : c’est un beau signe d’unité à travers le temps. Elle date du 15ème siècle. Elle était, sans doute, placée à l’entrée de l’église, comme elle l’est, d’ailleurs, aujourd’hui : le baptême est l’entrée dans la communauté eucharistique.  Les baptistères d’autrefois étaient de faibles dimensions : le baptême ayant lieu immédiatement après la naissance se faisait en petit comité. La mère, notamment,  n’y assistait pas. Malgré l’incendie de la sacristie, l’inscription du baptême sur le registre paroissial est parfaitement lisible.   Une photographie, très agrandie, est affichée sur le mur de gauche. On y trouve le nom du curé qui a célébré lui-même le baptême, Dominique Forgues. Suivent les noms des parents, François et Louise. Le parrain, Jean Védère, a 13 ans : c’est un cousin de Bernadette, du côté Soubirous. Il a gardé mauvais souvenir de la cérémonie : la petite a pleuré tout le temps. Il en tire une conclusion hâtive : « Elle sera méchante. »  Il était vraisemblablement décédé en 1925, quand Bernadette fut béatifiée. La marraine est la sœur aînée de Louise, celle que, logiquement, François Soubirous aurait dû épouser. Comme elle s’appelait Bernarde, la filleule sera nommée « Bernadette ». Il y eut ensuite petite fête au moulin, bien arrosée, avec des beignets et une ronde pour finir.  Devant la table de communion, il est écrit, en trois langues, à l’intention des très nombreux pèlerins : Vous pouvez plonger la main dans la cuve baptismale, faire le signe de la Croix et dire : Seigneur, par le baptême, tu m’as fait entrer dans ton Royaume. En Bernadette, ce baptême a porté de beaux fruits de sainteté.  Que mon  pèlerinage en ce lieu me renouvelle dans la grâce de mon baptême. Saint Jean-Baptiste, priez pour moi ! Sainte Bernadette, priez pour moi ! Comme souvent, une statue de saint Jean-Baptiste rappelle le baptême de Jésus. C’est une œuvre du 18ème siècle. Depuis 2017, une bande dessinée en céramique illustre quelques moments dans la vie de Bernadette. L’auteur en est Sœur Mercedes, religieuse bénédictine autrefois à Ozon. Elle a beaucoup travaillé pour le diocèse. Si vous êtes de Lourdes, regardez l’ambon de la Parole, à la salle Saint-Pierre.  La semaine prochaine, nous découvrirons au château-fort une partie de ce que Bernadette voyait à l’église paroissiale.

  • L’ancienne église paroissiale, Saint-Pierre

    Chronique hebdomadaire n° 5 - Dimanche 8 Décembre 2024 L’ancienne église se situait à l’emplacement du Monument aux morts, sur la place Peyramale, qui s’appelait alors place du Porche : la petite rue qui mène à la rue des Petits-Fossés et au cachot a gardé ce nom. L’église qu’a connue Bernadette avait été précédée, semble-t-il, de deux autres : l’une, dans des temps très anciens et l’autre, de style roman.  L’église Saint-Pierre datait du 16ème siècle. Nous sommes au temps des guerres de religion et la ville de Lourdes n’a pas été épargnée. C’est pourquoi l’édifice faisait partie des défenses de la ville, avec de multiples tours  qui ont presque totalement disparu.  Comme vous le voyez sur la carte postale, l’abside était surmontée d’une salle de guet, percée de meurtrières et entourée de deux tourelles. Une cloche pouvait donner l’alerte. A l’intérieur, l’église mesurait environ 20 mètres sur 12. Il y avait quatre chapelles sur les côtés et deux bras d’un simili-transept. Chaque chapelle était affectée à telle ou telle confrérie et comportait son autel. Après les guerres de religion, au 19ème siècle, il y eut les tremblements de terre. Entre 1813 et 1819, il fallut refaire la toiture et la voûte. Ce fut aussi l’occasion de percer six fenêtres. Depuis que Bernadette avait 7 ans, une lanterne et un lanternon surmontaient le clocher.  Mais en 1854, deux tourelles s’effondrent, causant de gros dégâts dans la toiture : c’est, en petit, ce qui s’est produit à Notre-Dame de Paris en 2019. Comme à Paris, on a reconstruit. Mais, de nouveau, en 1859, une tourelle s’effondre. Déjà, deux ans auparavant, le Conseil municipal s’était préoccupé de la question. Le nouveau curé, fraîchement arrivé, l’abbé Peyramale s’en préoccupe aussi. L’église n’était pas grande pour une population de 4 000 fidèles, assez pratiquante.  L’incendie de la sacristie en 1896 n’arrangea rien mais la construction de l’église actuelle était déjà  bien amorcée. Elle sera inaugurée en 1903. La vieille église fut donc détruite à partir de 1904. Il ne reste rien de la construction mais bien des éléments du mobilier liturgique et de la décoration ont été conservés. Le plus précieux est le baptistère : ce sera pour dimanche prochain.

  • Le curé Peyramale

    Chronique hebdomadaire n° 4 - Dimanche 1er Décembre 2024 Il fallait bien consacrer une chronique spéciale à l’abbé Peyramale : il a joué un tel rôle dans la vie de Bernadette ! Aujourd’hui, contentons-nous de faire connaissance. Nous parlerons de « Bernadette et son curé » dans les chroniques de mars prochain, à l’époque de leurs premières rencontres.  Marie-Dominique Peyramale est né à Momères, le 9 janvier 1811. Il est baptisé le jour même. Son père était médecin, comme le sera un des frères de notre curé. Il est ordonné prêtre en 1835. Avant d’arriver à Lourdes, il exerce plusieurs ministères : vicaire à Vic-en-Bigorre, puis à Saint-Jean de Tarbes, curé  d’Aubarède, aumônier de l’hospice civil et militaire de Tarbes.  Que ce soient les vitraux, les peintures, les statues, les photographies, nous trouvons un homme au physique puissant et un visage aux traits affirmés. Mais les unes et les autres ne peuvent traduire ce sur quoi tous les témoins sont unanimes : ses colères homériques et sa générosité sans borne. Il partageait celle-ci avec le commissaire Jacomet : ils s’étaient l’un et l’autre dépensés sans compter lors de l’épidémie de choléra qui avait sévi en 1855 et qui avait touché Bernadette. Quant aux colères, elles étaient aussi brèves que violentes, même en chaire.  L’ancienne église paroissiale était en très mauvais état. Un incendie n’a rien arrangé : l’acte de baptême de Bernadette, partiellement brûlé, en garde la trace. En plus, le curé Peyramale pensait que les pèlerinages partiraient de l’église paroissiale et y reviendraient. Aussi décide-t-il de construire une nouvelle église. Il a été encouragé par Mgr Langénieux. La première pierre est posée en 1875.  L’abbé Peyramale (devenu « protonotaire apostolique » en 1874 et désormais appelé « Monseigneur ») meurt le jour de la Nativité de la Vierge, le 8 septembre 1877. L’abbé Pomian lui aura donné l’extrême-onction. L’évêque est alors Mgr Jordan : il intime au remplaçant de Mgr Peyramale l’ordre d’arrêter les travaux et d’interdire tout culte envers le curé défunt, enterré dans la crypte d’une église dont il n’avait pu voir que les colonnes. Il est vrai que le chantier avait laissé beaucoup de dettes.  La Municipalité de Lourdes a donné le nom de Mgr Peyramale à une place, une avenue, un pont, des carrières. En 1928, elle lance une souscription pour la statue placée devant l’église, comme le rappelle l’inscription gravée sur le socle.

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