Bernadette la paroissienne
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- Où retrouver Bernadette ?
Chronique hebdomadaire n° 34 - Dimanche 29 juin 2025 Quelquefois, le calendrier fait bien les choses : cette série de chroniques se termine le jour de la Saint-Pierre, à qui était dédiée l’église que Bernadette a connue, dont le nom est resté pour une section de l’artère principale et qui est à l’origine des Fêtes de Lourdes. Pour résumer ce qui a été évoqué au long de l’année, je vous propose une visite de Lourdes, comme si vous y veniez pour la première fois. Que vous arriviez de Tarbes, de l’aéroport ou de Pau, vous entrerez en ville en passant sous le pont du chemin de fer. Au-delà de la voie ferrée, c’était la campagne et Bartrès à quelques kilomètres, avec, à l’église, les statues et le retable que Bernadette a vus. Après le pont du chemin de fer, à droite l’hospice et, sur la gauche, à cent mètres, la gare. Le bâtiment a changé, mais l’emplacement est le même. Du rond-point actuel, les voyageurs d’autrefois descendaient pour franchir le Lapacca et remontaient par la Rue Basse jusqu’à la place du Porche où était l’église. L’église a disparu et les noms ont changé mais les lieux sont restés. Si on suivait le cours du Lapacca, on allait de moulin en moulin. Deux d’entre eux vous intéressent : la Maison paternelle et le moulin de Boly. Du rond-point, part aussi la chaussée Maransin avec un pont qui enjambe le Lapacca. Ce pont existait au temps de Bernadette depuis quelques dizaines d’années. La chaussée se prolonge par la rue Saint Pierre qui passe devant la maison où habitait le curé Peyramale. Le mot « presbytère » est un peu exagéré, car les autres prêtres habitent, non loin de là, mais en divers lieux. Sur la hauteur se dresse le château-fort avec sa chapelle où ont été rassemblés de nombreux éléments de l’ancienne église Saint-Pierre, celle que Bernadette a connue. Sur la place qui porte le nom du curé Peyramale, se trouve la maison Cénac (commissaire Jacomet) et débouchent les rues de Langelle et la rue de Bagnères (procureur Dutour). La rue de Bagnères s’appelait alors « Marcaladouze », car la place du Marcadal est toute proche, avec une fontaine. Plusieurs fontaines du temps de Bernadette ont subsisté, même si elles se sont déplacées, alors que les portes anciennes ont disparu. Au coin de la rue de Bagnères, le Café français a disparu, mais l’emplacement est bien repérable. De la place du Marcadal part la rue de la Grotte, autrefois rue Carrerette. En descendant, vous croisez la rue des Petits Fossés, la rue du Cachot, qui se termine par le commissariat de police qui était alors le tribunal. En continuant, vous croisez la rue du Bourg, ancienne Rue Noble. En descendant encore, vous arrivez à la rue de l’Egalité, avec son cimetière où se trouve la tombe de la famille Soubirous. La rue s’arrêtait là mais un chemin continuait et arrivait au Pont Vieux, le seul pont sur le Gave. Arrivée à ce qui est aujourd’hui la porte Saint Joseph, Bernadette montait le Chemin de la Forêt et piquait sur Massabielle par le « casse-cou », aménagé rapidement en lacets. Hélas, ils sont fermés ! Jusqu’à quand ? Le Gave a été repoussé et le sol de la grotte a été aplani mais la voûte n’a pas été remodelée. "Ma chère Grotte" Où trouve-t-on des souvenirs matériels permettant d’évoquer Bernadette ? La cuve baptismale de l’ancienne église a été transféré dans l’actuelle Des objets de la vie quotidienne de Bernadette se trouvent au Musée Notre-Dame (boulevard Rémi Sempé, contournant le Domaine d’une porte à l’autre), au cachot, à l’hospice, à la Maison paternelle. Dans ces divers lieux, vous verrez des statues de la Vierge que Bernadette a regardées. La châsse, aujourd’hui placée dans une chapelle à l’entrée du couloir de la crypte (basilique supérieure), contient des reliques corporelles prélevées lors de la troisième exhumation. Pour le centenaire de la béatification, des explications très détaillées sont affichées à l’extérieur de l’église Sainte Bernadette. Si vous voulez suivre Bernadette jusqu’à Nevers, prenez le train. Allez à Bordeaux en passant par Toulouse. A Bordeaux, allez voir s’il y a toujours des poissons rouges dans les bassins du Jardin Botanique. Poursuivez jusqu’à Périgueux, passez par Limoges et Vierzon, avant d’arriver à Nevers le 7 juillet 1866 à 21 h 50. Mais le plus sûr pour rencontrer Bernadette, c’est de suivre son conseil à sa famille : « Ne m’oubliez pas dans vos prières surtout quand vous allez à ma chère Grotte ; vous m’y trouverez quelquefois ; j’y suis très souvent, même sans permission. »
- Soeur Marie-Bernard écrit aux prêtres de Lourdes
Chronique hebdomadaire n° 30 - Septième dimanche de Pâques 1er Juin 2025 Couvent Saint-Gildard de Nevers De Nevers, celle qui est depuis 1866 Soeur Marie-Bernard a écrit, au moins, cinq fois à l’abbé Peyramale et une réponse de M. le curé a été conservée. En 1868, elle demande à son ancien curé de la recommander aux prières de la « Congrégation », c’est-à-dire les Enfants de Marie. Quelques mois plus tard, l’abbé lui envoie une lettre bien précieuse. Vous devez être fort réservée en fait de correspondance. Aussi je vous approuve complètement dans le refus catégorique que vous avez fait d’écrire une relation de ce qui s’est passé à la Grotte. Comme vous le dites très bien, vous avez fait assez souvent ce récit… J’ai regretté vivement que l’on vous ait photographiée avec votre saint habit de religieuse pour vous étaler derrière les vitrines des marchands... Votre mission à la Grotte est finie, travaillez à votre sanctification, vivez de la vie cachée en Jésus-Christ… Vos parents vont bien. Je les ai mis dans une position où, en travaillant, ils ne manqueront de rien. Faisant allusion à quelque « mésintelligence » familiale, l’abbé Peyramale recommande à Bernadette de leur « prêcher la concorde et la paix ». Dix ans après les faits, le bon curé se rappelle-t-il comment il l’avait reçue la première fois ? Le plus jeune frère de Bernadette, Pierre, était élève à Garaison. Sur une histoire de frais de pension, elle se confie à l’abbé pour qu’il trouve une solution. Bien qu’elle soit au loin, elle est bien informée : J’ai appris avec une grande joie que les travaux de votre nouvelle église étaient avancés… Il paraît que notre cher petit orphelinat occupe une large place dans votre coeur, et que vous êtes souvent leur pourvoyeur, jusqu’à leur acheter du bois. C’est dans cette lettre de fin 1876 qu’elle parle de « ma chère Grotte ». Quant à elle, elle avoue : « Voilà plus d’un an que je suis dans ma chapelle blanche. » Un an après son départ de Nevers, Bernadette apprend le décès de sa mère. C’est à l’abbé Pomian qu’elle se confie : « Je n’aurais jamais cru qu’un coup aussi pénible vînt frapper si tôt mon coeur… Je comprends (ce) qu’on a fait pour ne pas me faire de la peine, mais hélas ! Le coup n’a pas été moins cruel. » C’est aussi à l’abbé Pomian qu’elle se confie en apprenant la mort du curé Peyramale, décédé le 8 septembre 1877. La mort si prompte de notre cher et vénérable Monsieur le Curé m’a atterrée. Quelle cruelle perte pour les habitants de Lourdes ! Ils seraient bien ingrats s’ils ne reconnaissaient dans la mort de notre cher et bon Pasteur un excès de zèle pour la gloire de Dieu et le salut de leurs âmes. Il paraît que le chagrin qu’il aurait éprouvé au sujet de la nouvelle église aurait contribué beaucoup à sa mort. Je n’en serais point étonnée, il avait tant à coeur l’oeuvre qu’il avait si bien commencée. Effectivement, les dettes s’accumulaient et à la mort de l’abbé Peyramale, l’évêque ordonna d’interrompre les travaux. Et pour longtemps !
- Que sont-ils devenus ?
Chronique hebdomadaire n° 33 - « Fête-Dieu » 22 juin 2025 C’est le jeudi de la « Fête-Dieu », comme on disait alors, que Bernadette a fait sa première communion, tant attendue, à la petite chapelle de l’hospice : allez la visiter. Arrivant presque au terme de cette série de chroniques, demandons-nous ce que sont devenus les acteurs de 1858. Pour Bernadette, c’est simple : elle part à Nevers en 1866 (elle a 22 ans). Elle meurt le mercredi de Pâques, 16 avril 1879. Elle est béatifiée en 1925 et canonisée en 1933. Sa mère est morte en 1866, peu après le départ de Bernadette. Son père meurt en 1871 à la « Maison paternelle » (chronique n° 28). Ses tantes Bernarde, Basile et Lucile meurent respectivement en 1907, 1913 et 1871. Parmi les enfants nés au foyer des Soubirous, plusieurs étaient morts à la naissance ou très jeunes, l’un d’eux en 1865, à l’âge de dix ans. En 1866, ne restent que Toinette, dite « Marie » ; Jean-Marie, le seul qui aura une descendance, jusqu’à aujourd’hui ; Pierre-Bernard, celui qui sera encore de ce monde lors de la béatification de sa sœur. Les trois sont destinataires des lettres citées dans la chronique n° 29. Le curé Peyramale meurt en 1877 (voir la chronique n° 30) ; l’abbé Pomian reste à Lourdes jusqu’à sa mort en 1893. L’abbé Pène avait prononcé en chaire quelques paroles imprudentes sur les notables : il est rapidement déplacé sur Escala. Quant à l’abbé Serres, il quitte Lourdes en 1866. Un autre personnage très important dans la suite des événements : Mgr Laurence. Malgré son âge avancé, il se rend à Rome pour le concile du Vatican, en 1870. Il meurt dans la Ville éternelle. Le pape ordonne ses obsèques à l’église Saint-Louis des Français . Il est inhumé à la cathédrale de Tarbes, dans le caveau des évêques. Qu’en est-il des Soeurs de Nevers ? A l’Hospice, Mère Ursule Fardes avait d’abord traité les Apparitions de « carnavalade » avant de menacer ceux qui voudraient emprisonner Bernadette. Elle était partie de Lourdes en 1862, remplacée par Mère Alexandre Roques. A Nevers, Brnadette est accueillie par Mère Vauzou, qui sera maîtresse des novices et supérieure générale. Elle ne comprendra jamais très bien la future sainte. Dans ses dernières années, elle est hébergée à l’orphelinat de Lourdes, ouvert à la demande de Bernadette. On dit qu’elle l’a invoquée à ses derniers jours. Elle meurt en 1907. Parmi les officiels impliqués dans les événements, le préfet Massy, celui qui a fait barricader la grotte, est nommé à Grenoble, préfecture de l’Isère, département où se trouve La Salette ! Il est parti en 1859 et meurt en 1862. Le procureur Dutour, de « filandreuse mémoire », disait l’abbé Peyramale, est à Mont-de-Marsan depuis 1860. Le préfet et le procureur ont emporté leurs dossiers, qui ont disparu. Le maire, Maître Lacadé meurt l’année du départ de Bernadette. Son prédécesseur, Maître Dufo, avocat, un des premiers partisans de Bernadette, est toujours à Lourdes. Le commissaire Jacomet a été muté dès le mois de novembre 1858. Il s’illustrera en démasquant des employés des Chemins de fer qui avaient dérobé 200 000 francs à la Compagnie Paris-Lyon-Marseille. Il meurt en 1873. Ses carnets ont été retrouvés et ont beaucoup servi pour les travaux de l’abbé Laurentin. Le maréchal des logis d’Angla est parti pour Bonifacio en 1859. Tant le docteur Balencie qui a soigné Bernadette, que le docteur Dozous sont toujours à Lourdes en 1866. Le docteur Dozous avait noté les guérisons à la grotte avec autant de soin que Jacomet, les sourires de Bernadette. Jean-Baptiste Estrade a quitté Lourdes en 1860 mais, à la demande du Père Sempé et de l’évêque, il écrira ses mémoires en 1893. Il meurt en 1910. Joseph Fabish, le sculpteur, gardera ses regrets jusqu’en 1886. Encore quelques héros de l’histoire. . La nourrice de Bernadette, Marie Laguës, mourra en 1900. Sa tombe est à côté de l’église de Bartrès. . André Sajous qui habitait rue des Petits Fossés au-dessus du cachot, vécut jusqu’à 80 ans, tandis que sa femme mourut l’année du départ de Bernadette. . Mme Milhet, celle qui voulait que la Dame écrive son nom, mourra en 1892, comme Marie-Antoinette Peyret, la fille de l’huissier, qui avait apporté l’écritoire. En 1866, sont toujours à Lourdes . Baloum (Jeanne Abadie), qui est de l’expédition du 11 février, celle aussi qui a fait tomber la grosse pierre depuis le haut du rocher de Massabielle, avait juste 13 ans à l’époque. . Antoine Nicolau, qui travaillait au moulin de Savy et fut appelé au secours le 14 février pour évacuer Bernadette de la grotte, avait alors 29 ans. Il mourra à 83 ans. . Dominiquette Cazenave, enfant de Marie et sacristine, eut le courage d’accompagner Bernadette pour la deuxième entrevue avec le curé, le soir du 2 mars. . Madame Pailhasson, « la belle chocolatière ». . Marie-Antoinette Tardhival, qui donna, plus tard, des répétitions à Bernadette, avait 30 ans au moment des Apparitions. Julie Garros, dite Toinette, faisait répéter son catéchisme à Bernadette. Elle l’a retrouvée à Nevers comme religieuse. Une cousine de Bernadette, Jeanne Vedère, habitait à Momères (chronique n° 9). Bernadette avait passé un mois avec elle, en 1864. Elle devint cistercienne. En résumé, à part les fonctionnaires, les prêtres et les religieuses, tous sont restés sur place.
- La canonisation de Bernadette
Chronique hebdomadaire n° 32 - Dimanche de la Trinité 15 juin 2025 Après avoir évoqué la béatification de Bernadette (14 juin 1925), il était logique de raconter sa canonisation. Pour que la « bienheureuse » soit canonisée, il fallait deux nouvelles guérisons reconnues par la congrégation des rites : c’est le cas en mai 1933. Le pape Pie XI choisit le dernier jour du mois de Marie pour annoncer cette reconnaissance. Son texte parle surtout de la « vie cachée dans le Christ » et la « pénitence pour les pécheurs » pratiquées par Bernadette. Après avoir encore réuni les cardinaux trois fois en consistoire, le pape annonce officiellement la canonisation de Bernadette. Elle aura lieu le 8 décembre 1933. La date est doublement symbolique puisque le 8 décembre est la solennité de l’Immaculée Conception et que l’année 1933 célèbre le dix-neuvième centenaire de la Rédemption. . Bernadette est canonisée en raison de ses « vertus héroïques », et c’est peut-être à cause de ses vertus que la Vierge en a fait sa confidente. Le pape avait dit en 1023 : « Il est naturel que Marie ait trouvé Bernadette préparée à ces choses magnifiques ». Il y a donc un lien entre les Apparitions et la sainteté de Bernadette et il est normal que sa canonisation soit célébrée un 8 décembre. . Que l’événement se produise l’année du jubilé de la Rédemption met en relief ce que dit la prière de la Messe : « … Tu as préservé (la Vierge Marie) de tout péché par une grâce venant déjà de la mort de ton Fils... » La célébration à Saint-Pierre est grandiose. La procession d’entrée commence à 8 heures. Les trompettes d’argent sonnent à l’arrivée du pape. Il est 9 h 55 quand il proclame la sainteté de Soeur Marie-Bernard Soubirous. Les paroles du pape sont captées au château-fort de Lourdes. Le bourdon de Saint-Pierree se met en branle et les cloches des trois cents églises de Rome lui font écho. La Messe papale commence à 11 heures et s’achève peu avant deux heures de l‘après-midi. Le pape reçoit les pèlerins le lendemain, 9 décembre, et spécialement les pèlerins de Tarbes et Lourdes le 11. Il leur offre une auréole d’or destinée à la statue de Bernadette en bronze doré qui se trouve aux sanctuaires. Pour honorer « sa » sainte, la Ville offre la statue de Bernadette rentrant de Bartrès qui se trouve toujours au rond-point de l’hospice. Un triduum est célébrée du 14 au 16 juillet 1934, présidé par le cardinal Verdier, archevêque de Paris. Il déclare : la canonisation de Bernadette a ouvert « une nouvelle voie d’espérances et de consolations : à Marie par Bernadette ».
- La béatification de Bernadette
Chronique hebdomadaire n° 31 - Dimanche de la Pentecôte 8 juin 2025 Soeur Marie-Bernard meurt le 16 avril 1879, à 35 ans. Un grand concours de peuple afflue au couvent Saint-Gildard pour voir son visage, reposé malgré tant de souffrances. Ils lui font toucher des médailles, des images. L’inhumation a lieu dans la propriété des Soeurs, alors les religieuses sont normalement enterrées au cimetière communal. Son ancienne maîtresse des novices, Mère Vauzou, n’était pas pressée de voir Bernadette béatifiée : « Attendez que je sois morte ». Elle n’était plus supérieure générale quand sa remplaçante, discrètement, commence à s’en occuper en 1904, deux ans avant la mort de Mère Vauzou. L’enquête diocésaine est menée en 1908-1909. Le corps de Bernadette est exhumé pour la première fois : il est dans un état exceptionnel de conservation. En août 1913, le pape Pie X autorise l’ouverture officielle de la cause. Le « procès » est mené simultanément à Nevers et à Tarbes. Le 18 novembre 1923, le pape Pie XI reconnaît l’héroïcité des vertus de Bernadette : ce n’est pas à cause des Apparitions que Bernadette a été béatifiée, mais à cause de la qualité de sa vie chrétienne, avant et après les Apparitions. Le pape déclare : Il est naturel que Marie ait trouvé Bernadette préparée à ces choses magnifiques, et qu’elle l’en ait rendue moins indigne encore. Dans le même temps, la Sacrée Congrégation des rites examine les deux guérisons qui sont imputées à l’intercession de Bernadette : elles sont reconnues authentiques. Toutes les conditions sont donc réunies. Mgr Schoepfer lance une souscription pour que la future bienheureuse ait sa statue. Il se rendra à Rome pour la béatification, malgré ses quatre-vingt deux ans et la longueur du voyage. Un pèlerinage est organisé depuis Lourdes pour la cérémonie du dimanche 14 juin 1925 à Saint-Pierre de Rome. Les fidèles se rassemblent entre le baldaquin du Bernin et la Chaire de Saint Pierre. A la lecture du décret proclamant que Bernadette peut être invoquée comme « bienheureuse », un tableau est dévoilé. Un chanoine de la basilique célèbre ensuite la messe. En fin d’après-midi, le pape vient à Saint-Pierre. Pierre Soubirous, le seul survivant des frères et sœurs de Bernadette (voir la Chronique n° 29), remet au pape une relique de la bienheureuse. Effectivement, quand le corps de Bernadette a été exhumé encore une fois pour être placé dans la châsse qui se trouve dans la chapelle de Saint-Gildard, quelques reliques corporelles ont été prélevées. Certaines se trouvent à Lourdes, à l’entrée de la crypte de la basilique supérieure. Le lendemain, les pèlerins assistent à une messe célébrée dans le pape et reviennent encore le soir : le pape reste longtemps avec eux. Il les bénit et leur donne quelques conseils. Dans le diocèse de Tarbes et Lourdes, la fête de la future sainte est célébrée le 18 février, jour où elle reçut la promesse de bonheur dans « l’autre monde ». Les formulaires de l’office et de la messe sont publiés quelques mois plus tard. L’oraison nous recommande de suivre les « simples sentiers de la foi » (per simplices fidei semitas). Dans les Sanctuaires, la statue de saint Roch est déplacée pour que la deuxième arcade de la rampe sud soit consacrée à la bienheureuse. La statue voulue par Mgr Schoepfer est l’oeuvre d’un artiste local, Firmin Michelet. Cette statue de marbre a été, par la suite, placée devant le Musée Notre-Dame et, plus récemment, en face de la Grotte, sur la rive droite. L’autel est béni par Mgr Schoepfer, le 21 août 1927, trois jours avant sa mort. A l’homélie, l’orateur use d’un style inhabituel dans ce genre littéraire. Il dit de Bernadette : « Elle est n’importe qui, ce qui est bien près d’être n’importe quoi. » Une réplique de la statue de marbre, celle-ci en bronze, œuvre du même artiste, est bénie en 1932. La mosaïque est due à Edgard Maxence, comme celle de l’Ascension à la basilique du Rosaire. En ville, Bernadette avait déjà une rue, la rue du moulin de Boly. Elle aura désormais une avenue : entre le Pont vieux et la place Mgr Laurence.
- Soeur Marie-Bernard écrit à sa famille
Chronique n° 29 - Sixième dimanche de Pâques 25 mai 2025 A force de répéter qu’à 14 ans, Bernadette ne savait pas écrire, on oublie que, par la suite, Soeur Marie-Bernard aimait écrire et recevoir des lettres, même si la Règle et la maladie limitèrent sa correspondance. En voici quelques échantillons. A sa sœur Marie Ma bonne sœur, tu me fais tout plein de reproches dans ta lettre ; tu trouves que je t’écris trop rarement, j’en conviens, mais que veux-tu que je dise, sinon rabâcher toujours la même chose, ne sachant rien de nouveau. Tu devrais être un peu plus indulgente, m’écrire trois fois pendant moi une, de cette manière tout irait bien. En attendant, j’attends de vos nouvelles avec impatience, fais-moi réponse de suite. A son frère Pierre Je te recommande de prier la Sainte Vierge pour notre sœur Marie, qui en a bien besoin : tu sais qu’elle a eu le malheur de perdre sa petite Bernadette qu’elle aimait tant, quel chagrin pour une Mère ! A son frère Marie-Bernard Pardon, si je vous dérange, je voudrais bien savoir si vous avez fait vœu de ne pas m’écrire ; voilà un an que j’attends une de vos lettre. A son frère Pierre C’est avec une entière satisfaction que j’ai appris que tu allais avoir l’inappréciable bonheur de faire la première communion le 9 juin… Déjà, les anges envient ton bonheur, eux possèdent ce Dieu trois fois Saint : ils chantent incessamment ses louange, mais ils ne peuvent pas, comme nous, le recevoir. A sa sœur Marie On m’a dit que Joseph avait quelque idée de faire tenir une espèce de boutique par mon frère Pierre. Dis-lui de ma part que je m’y oppose formellement, car cela ne convient pas et le bon Dieu ne serait pas content de vous. A sa sœur Marie Je prie mes chers parents de ne pas m’oublier dans leurs prières, surtout quand vous allez à ma chère Grotte ; vous m’y trouverez quelquefois ; j’y vais très souvent même sans permission. A sa sœur Marie Je suis vivement inquiète : il paraît que le Gave a débordé ; il me tarde de savoir si l’eau a fait beaucoup de mal à la Grotte et aux moulins qui se trouvent sur les bords du Gave. A son frère Pierre Donne-moi de tes nouvelles ; je suis inquiète à ton sujet. Sache me dire si tu es fixé pour ta vocation, que penses-tu faire ? A sa sœur Marie Je comprends que, pour le coeur d’une mère, c’est bien triste, je dirais même cruel, de perdre son quatrième enfant… Ma bonne et chère Marie, je te recommande d’être bien raisonnable, ainsi que Joseph ; ne vous laissez pas aller au chagrin. A son frère Pierre Je t’engage, mon cher frère, à bien réfléchir devant le bon Dieu ; je ne voudrais pas pour tout au monde que tu te fasses prêtre pour te faire une position ; non, j’aimerais mieux que tu te fasses chiffonnier. A son frère Pierre Si tu crois réellement que le bon Dieu ne t’appelle pas à la vie religieuse, je t’engage fort à te décider pour apprendre un état.. Je ne serais pas contente que tu restes à travailler à la Grotte ; plus tard, tu te trouverais sans position, au lieu que si tu apprends un état et que tu aimes le travail tu pourras toujours vivre et te tirer d’affaire. A son frère Jean-Marie J’espère, cher ami, que tu seras un peu plus aimable à la prochaine fois que tu m’écriras. A son frère Jean-Marie Vous avez, aussi bien les uns que les autres, la tête montée ; je vous assure que vous me faites beaucoup de peine, en voyant le peu d’union qu’il y a entre vous, tandis que vous pourriez vivre tous heureux et contents, en travaillant et en mettant chacun un peu du sien. A son frère Pierre Voici la raison pour laquelle je vous écris si rarement ; il m’a été dit que mes lettres couraient partout, cela m’a fait de la peine, et si cela se renouvelait, je n’écrirais plus à personne.
- La « Maison paternelle »
Chronique hebdomadaire n° 28 - Cinquième dimanche de Pâques 18 mai 2025 Il a en déjà été brièvement question dans la Chronique sur les déménagements. Le moulin loué par l’abbé Peyramale pour loger la famille Soubirous en 1963 appartenait à Maître Anselme Lacadé, « le maire des Apparitions ». Les parents Soubirous y ont donc habité ensemble puisque la mère de Bernadette décède en 1866. La même année, Maître Lcadé décède lui aussi. Ses héritiers mettent en vente le moulin. Le diocèse l’achète et en fait don aux Soubirous. François Soubirous y vivra jusqu’à sa mort, en 1871. La « Maison paternelle » n’est donc pas celle où il est né, comme l’expression pourrait le laisser croire, mais elle où il a fini sa vie. Les descendants l’ont gardée jusqu’à aujourd’hui et la font visiter. Elle se trouve au carrefour entre le boulevard de la Grotte et la rue Bernadette Soubirous qui borde, quelques centaines de mètres plus bas, le moulin de Boly. La disposition des lieux rappelle celle du moulin de Boly. De même pour le mobilier et les objets du quotidien. L’intérêt consiste surtout dans les souvenirs que la maison conserve. Bernadette, pensionnaire chez les Soeurs, y venait chaque semaine. Elle a abrité la soirée des adieux, avant son départ pour Nevers. C’est là que ses parents sont morts et leur décès a profondément touché ce coeur très sensible : dans une prochaine chronique, je vous citerai un extrait d’une lettre qu’elle écrit alors à l’abbé Pomian. Portraits et photos font entrer dans la vie de la famille. Vous y apprendrez les noms de tous les trisaïeux de Bernadette. Sur un mur se déploie la descendance des parents Soubirous. Sur leurs huit enfants, un seul, Jean-Marie, a eu une descendance qui se prolonge jusqu’à maintenant. La personne qui se trouve à l’entrée vous montrera où elle se situe sur cet arbre généalogique. Une des sœurs de Bernadette a eu sept enfants, mais sont tous morts en bas âge. Parmi les objets, deux sont particulièrement remarquables. Une petite maquette de la grotte, œuvre de Bernadette et complétée par Pierre, son plus jeune-frère. Mais surtout la robe de baptême confectionnée par Bernadette, à Nevers, en 1867. Elle a servi pour la première fois lors du baptême d’un neveu, Jean-Marie Soubirous comme son père, né en 1878. Il deviendra missionnaire et mourra à Buenos-Aires en 1910. A chaque nouvelle naissance, la robe sert pour le baptême de l’enfant. Entre la cuve baptismale de l’église paroissiale et la robe de baptême de la Maison paternelle, c’est une histoire chrétienne qui s’est écrite depuis bientôt deux siècles.
- Le lac de Lourdes
Chronique hebdomadaire n° 27 - Quatrième dimanche de Pâques 11 mai 2025 Bernadette n’est peut-être jamais allée au lac. A l’époque, ce n’était pas un lieu de promenade, encore moins de baignade. Mais elle a, sans doute, entendu « la légende du lac », plus ou moins décalquée du texte de la Genèse sur Sodome et Gomorrhe, croisé avec l’histoire de la veuve de Sarepta (1 Rois 17). La légende n’est attestée qu’à partir du 18ème siècle. En ce temps-là, une opulente cité de carriers et de tailleurs de pierre dressait, dit-on, ses hauts édifices et ses belles maisons bleues à l’endroit même où le lac de Lourdes étale maintenant la nappe glauque de ses eaux. Effectivement, une zone du lac était une tourbière. Un soir d’automne, entra dans la ville un miséreux qui cheminait, pieds nus, les épaules voûtées, appuyé sur un bâton de bois. Et ce pauvre hère allait de maison en maison, priant bien humblement qu’on lui donnât quelque miette pour apaiser la malefaim qui le torturait. Partout, il ne reçut qu’affronts et n’essuya que refus, à croire que les carriers de la première Lourdes avaient le coeur aussi dur que le roc bleuté qu’ils exploitaient au flanc ouvert de la montagne. Le pauvre homme allait sortir de la ville quand il aperçut une chaumière aussi misérable que lui. Une jeune femme, coiffée du foulard noir des veuves de Bigorre, vint ouvrir et dit simplement : Entrez, vous qui semblez être le Pèlerin de la Misère. - Femme, j’ai grand faim. A manger, à manger, pour l’amour de Dieu ! - Eh bien ! Soit ! Tu mangeras… Avec ma dernière poignée de seigle, je vais pétrir pour toi un gâteau que je mettrai à cuire sous la cendre. Cependant que le gâteau cuisait, ô merveille ! De gâteau noir de seigle qu’il était, il devint galette dorée de froment. Et à côté de cette galette dorée, une autre parut, et puis une autre encore. Le mendiant prit les trois galettes, fit sur elles le signe de la croix et les mangea. - Dans cette ville de mauvais riches, pauvre femme et pauvre mère, toi seule fus pitoyable au gueux sans gîte et sans pain errant sur le chemin. La ville va être punie. Elle sera engloutie dans un lac aux bords de fange (la tourbière). Que la femme s’enfuie avec son fils, sans se retourner ! Trop curieuse, la femme se retourna… Elle fut transformée en un rocher qui surnage encore. Son fils fut englouti, mais emporté par les anges. Au long des siècles, il fut question d’un canal qui partirait du lac. Puis de l’assécher pour accroître le domaine de Charles Armand Jules de Rohan, vicomte de Lavedan, premier baron de Bigorre. Des conflits se produisirent fréquemment entre propriétaires du lac et riverains, sur la hauteur des eaux. A l’époque de Bernadette, nous trouvons des noms mêlés à l’histoire des Apparitions : le maire, Anselme Lacadé, notaire, doit faire entendre raison à Maître Brice Dufo, avocat, un des premiers notables à y avoir assisté et à être convaincu. A la mairie, le notaire avait succédé à l’avocat. L’histoire contemporaine est assez pittoresque. Le lac servit quelque temps (1935) de base à une compagnie d’hydravions. Avant de servir pour un championnat d’Europe de hors-bords. Mgr Théas est favorable, comme pour le passage du Tour de France dans les Sanctuaires. La Messe est célébrée au bord du lac. Plus récemment, les paras s’y entraînèrent : comment s’en tirer si l’on saute sur une zone aquatique ? Autre sport : le golf sur un parcours qui fait plus de cinq kilomètres.
- Pour suivre Bernadette
Chronique hebdomadaire n° 26 - Troisième dimanche de Pâques, 4 mai 2025 Depuis longtemps, au Musée Notre-Dame, boulevard Rémi Sempé, un plan en relief permet de comprendre comment Bernadette s’est retrouvée en face de la grotte, le 11 février 1858. Mais deux autres visuels peuvent donner une idée, très suggestive, de ce qu’était la petite ville de Lourdes à l’époque. Tout d’abord, « Le village de Bernadette », au Petit Lourdes, 68, avenue Peyramale (près du pont à reconstruire), un passionné de Lourdes, Georges Simonin (voir la photo) entreprend de reproduire, à l’échelle d’un trentième, une maquette complète du site, en plein air. Le travail, commencé en 1954 est sans cesse entretenu et amélioré par ses descendants. Depuis quelques jours, dans le couloir d’accès au cachot, le visiteur trouve sur le mur du fond une grande photo représentant la ville et l’ensemble du site, avec la plus grande précision possible. Vous ne voyez ici d’une toute petite partie. Les numéros indiquent 1 : le cachot ; 10 : la mairie ; 12 : le tribunal ; 13 : l’église Saint-Pierre ; 17 : le Café français. Une ligne jaune permet de suivre l’itinéraire de Bernadette depuis le cachot jusqu’à Massabielle. Ce travail remarquable est dû à Philippe Cabidoche, familier de Lourdes et directeur du pèlerinage Lourdes Cancer Espérance.
- La gare
Chronique hebdomadaire n° 25 - Deuxième Dimanche de Pâques, 27 avril 2025 Pour être franc, on n’est pas tout-à-fait sûr que, le 4 juillet 1866, Bernadette ait pris le train à la gare de Lourdes. Peut-être ne fut-ce qu’à Tarbes. En tout cas, il est certain qu’elle n’est pas passée en train devant la grotte : avant les constructions modernes, c’était la joie des pèlerins de découvrir la grotte et son buisson de cierges après leurs longues heures de trajet. Ce n’était pas possible en 1866, car la liaison avec Pau ne sera réalisée que l’année suivante. Mais ce qui est sûr, c’est que Bernadette a connu la gare. Depuis son enfance, elle a pu entendre parler de l’arrivé du chemin de fer. Les premières rumeurs datent des années 1840. En 1855, l’abbé Peyramale écrit : « Il paraît que nous aurons dans peu le chemin de fer aux premiers jours. Telle est la volonté de l’empereur. » Le projet d’une ligne Toulouse-Bayonne est ancien. Mais par où devait-elle passer ? En ligne droite, sur la plateau de Ger ? Ou bien faire le détour par Lourdes ? Il ne faut pas oublier que Lourdes était la troisième ville du département, non loin d’Argelès, sous-préfecture. De plus, Lourdes était à proximité des carrières. La décision ministérielle définitive date du 30 novembre 1861, quelques semaines avant la publication du Mandement de Mgr Laurence et à une époque où aucun pèlerinage n’est encore organisé. Les travaux commencent à la fin du mois d’avril 1862. La gare de Lourdes est inaugurée le 9 mars 1866 et le premier train s’y arrête le 27 mars, tiré par la locomotive « Ville de Béziers ». A en croire les témoins de l’époque, parler de « gare » est un euphémisme. Il s’agit d’une simple cabane en planches, le long de l’unique voie ferrée. La salle d’attente, munie de deux banquettes mesure 16 mètres carrés, la surface du cachot. « Notre pauvre gare de planches » (1872) est une « niche à chiens » (1873). L’année suivante, « il y a eu un ouragan : dommage qu’il n’ait pas complètement emporté la cabane qui sert de gare ». Les protestations ont dû être suffisamment énergiques et les trains spéciaux, dits « trains de plaisir », amenant des pèlerins être si nombreux qu’une nouvelle gare est construite, en dur, en 1875. Après d’autres aménagements, elle verra débarquer des millions de pèlerins entre 1887 et l’an 2000. Au cours du temps, les voies se multiplieront, de nouveaux équipements seront installés, des ateliers pourvoiront à l’entretien : mais c’est une autre histoire ! La gare a été modernisée pour entrer dans le troisième millénaire (2000-2001). Le chemin de fer a joué un très grand rôle dans le développement des pèlerinages. Sans le train, notamment, les malades n’auraient jamais pu venir à Lourdes au dix-neuvième siècle. Mais c’est un anachronisme d’attribuer aux pèlerinages la décision de faire passer par Lourdes la ligne Toulouse-Bayonne qui sera complète en 1867.
- Déménagements
Chronique hebdomadaire n° 23 – Dimanche 13 avril 2025 Tous les pèlerins connaissent le cachot. Beaucoup ont visité le moulin de Boly. Quelques-uns, la « maison paternelle ». Dressons la liste complète. Le moulin de Boly Il doit son nom à un médecin anglais, David Boly, qui le reçut comme dot de son épouse, Anne de Caudebotte. Le mariage eut lieu le 19 juin 1645. Passons sur les deux siècles qui suivent. Les grand-parents maternels de Bernadette en sont locataires. Le jeune ménage Soubirous s’y installer en 1843 et y reste jusqu’en 1854. C’est le « moulin du bonheur ». La maison Laborde Ce n’est pas un moulin, mais une maison proche du moulin Lacadé, qui deviendra la « maison paternelle ». Ils y restèrent quelques mois. François Soubirous, semble-t-il, s’employait déjà comme brassier. Le moulin Baudéan Il était situé juste en-dessous du moulin de Boly. Sur un séjour des Soubirous, les témoignages sont flous et l’abbé Laurentin en mention sous toutes réserves. Le moulin d’Escoubé à Arcizac-ès-Angles Ce séjour à quelques kilomètres de Lourdes sur la route de Bagnères dura moins d’un an. D’autres sources lui donnent le nom de celui qui l’acquit au départ des Soubirous, en 1855 : Sarrabeyrouse. Les affaires ne vont pas mieux. Il faut revenir à Lourdes La maison Rives A l’époque, les maisons étaient désignées par le nom d’un propriétaire, ancien ou actuel. La « maison Rives » correspond au 14, rue du Bourg. Les Soubirous sont sous-locataires d’une pièce unique, sans lumière. Ne pouvant payer le petit loyer, ils doivent laisser en gage le meilleur de leurs meubles, une armoire. La rue des Petits-Fossés La date exacte de leur arrivée n’est pas connue mais ils y étaient lors du recensement du 31 mai 1856. Ils ont donc déménagé quatre fois dans les deux dernières années. Sur le cachot, voir la Chronique n° 44. Chez Deluc Ce Deluc, vaguement apparenté à la mère de Bernadette, était un pâtissier-cafetier, place du Marcadal. Il hébergea les Soubirous à partir de septembre 1858. Le séjour au « cachot » a duré plus deux ans, même si Bernadette en fut absent à plusieurs reprises. Ils ne resteront pas longtemps chez Deluc. Le moulin Gras et le moulin Lacadé Comme les autres moulins, le moulin Gras est situé sur le Lapacca, presque à son débouché sur le Gave. La famille Soubirous y restera jusqu’en 1863, date à laquelle Mgr Laurence loue, à leur intention, le moulin Lacadé, en haut du Lapacca. Bernadette n’a donc jamais habité au moulin Lacadé, puisqu’elle est pensionnaire à l’hospice. Mais elle n’avait accepté de ne plus loger dans sa famille qu’à la condition qu’elle aurait la permission ee rendre visite aux siens, au moins une fois par semaine. C’est là qu’eut lieu la soirée des adieux, le 3 juillet 1866. Sa mère y mourut aux premières vêpres de la solennité de l’Immaculée Conception 1867. Son père y resta jusqu’à sa mort, le 4 mars 1871. C’est pourquoi la maison est qualifiée de « paternelle ».
- Chapelles et confréries
Chronique hebdomadaire n° 22 - Dimanche 6 avril 2025 L’ancienne église Saint-Pierre comptait plusieurs chapelles, certaines correspondant à une confrérie. En faire connaissance est aussi une manière de vériifier ce que nous disions des professions exercées à Lourdes. Vous remarquerez que les « notables » qui se réunissent au Café Français n’ont pas de confrérie. Entrant par le clocher-porche qui avait été remanié en 1854 (Bernadette a dix ans), après être passé sous la tribune de l’orgue, le fidèle arrive, sur la droite, à la chapelle Saint-Joseph puis à la chapelle de Notre-Dame de Montserrat, fief de la corporation des maçons. Au fond du bras droit du transept, la chapelle de Notre-Dame du Mont- Carmel devait être très chère à Bernadette puisque la dernière apparition eut lieu le jour de sa fête, le 16 juillet, et qu’elle-même reçut le scapulaire. Les ardoisiers avaient adopté Notre-Dame du Mont-Carmel pour leur patronne. Deux autels encadraient l’autel principal. Celui de droite était surmonté des la statue de Notre-Dame des grâces qui veillait sur les laboureurs. A gauche, Notre-Dame du Puy rappelait que Lourdes se considérait comme vassale de l’antique sanctuaire du Puy. La Dame du Puy a été remplacée par sa jeune sœur, la Dame de Massabielle. Au fond du bras gauche du transept, Sainte Luce était la protectrice de ceux qui habillaient les Lourdais : tailleurs et couturières. Pour revenir dans la nef, il faut passer sous la chaire d’où, le dimanche, tonnait la voix du curé Peyramale. Sur le côté gauche de la nef, les deux chapelles étaient consacrées à saint Jacques, en lien avec le pèlerinage à Compostelle, et à saint Jean-Baptiste, à côté des fonds baptismaux qui servirent pour Bernadette. A ces deux saints ne correspond aucune confrérie. Inversement, pour les tailleurs de pierre, la fête était le jour de l’Ascension comme la Fête-Dieu était celle des marguilliers. En 1858, pour l’Ascension, les tailleurs de pierre voulaient descendre à la grotte avec leurs cierges. L’Autorité civile se méfie. L’abbé Peyramale la rassure : ils n’iront pas ! En dehors de l’église, Lourdes comptait plusieurs chapelles, en particulier aux entrées de la ville : Notre-Dame du Puy, sur la route de Pau ; Notre-Dame des bois, sur la route de Pontacq ; Notre-Dame des grâces, celle d’Argelès. Saint Joseph, saint Jean-Baptiste et saint Félix avaient aussi leurs sanctuaires. Il est difficile de savoir lesquelles de ces chapelles existaient encore au temps de Bernadette. Plusieurs tours avaient disparu. La ville se modernisait : un pont franchissait le Lapacca ; une vingtaine de réverbères (à huile de schiste) ont été installés ; la rue Basse est macadamisée ; la rue des Petits-Fossés a été élargie (qu’est-ce que ça devait être avant !).